Auteur: 
KARIN FUENTES, élève en option facultative « Arts visuels »

Commentaires de Louis Dietrich: 

Le sujet choisi est d’une actualité qui devient de plus en plus aiguë. La cathédrale de St Nicolas est cernée par un trafic automobile continu : les dénombrements récents évoquent trente mille véhicules par jour, et l’augmentation se poursuit. Il en résulte une grave dégradation du monument toujours en chantier de rénovation depuis bientôt cent ans. Sur la façade de la tour, la molasse est redevenue lépreuse, et le balcon devant la rosace est rongé. Tout cela avait été remis à neuf en 1949, quand, pour la première fois, notre Saint Nicolas a pris place sur cette terrasse et, dominant tout le monde, a exhorté la foule se pressant à ses pieds.

Le dessin de la carte n’est donc nullement exagéré : il représente la triste réalité et la topographie du lieu désespère la recherche de solutions. En se rapportant à la carte de 1999, on y verra une meilleure image de la fête elle-même, car naturellement la circulation est interrompue ce soir-là pendant le temps nécessaire au bon déroulement du rituel.  Touche d’humour : Saint Nicolas se trouve bel et bien coincé entre les flux rivaux : lui et son baudet risquent gros ! Seul point de couleur s’opposant  à la nuit : la rosace, symbole d’espérance, où réside l’Esprit.



Discours: 

Mes biens chers enfants,

Chaque année, je me réjouis de ma venue dans votre bonne ville. Vos sourires, les biscômes, les mandarines, la fête. Quelle joie mes enfants ! La plupart d’entre vous avez été sages et mes pères fouettards n’auront pas beaucoup à sévir, sauf pour certains garnements qui mériteraient bien quelques coups de verges. Mais bon…, il faut bien qu’enfance se fasse.

Meine lieben Kinder,

Wie jedes Jahr freue ich mich sehr darüber, in eure schöne Stadt zu kommen. Euer Lächeln, die Mandarinen, das ganze Fest, was für eine Freude ! Die meisten sind dieses Jahr brav gewesen, was auch gut soi st. Behaltet diesse Natürlichkeit, liebe Kinder, denn Morgen gehört die Welt euch und sie braucht euch für den Frieden.

Vous le savez, mes chers amis, un peu partout dans le monde la paix est menacées. Angoissés, les peuples la réclament à grands cris. Mais où diable se cache-t-elle donc ? Durant cette dernière année, j’ai pris mon baluchon et j’ai entrepris un grand voyage à travers pour aller à sa recherche.

J’ai évidemment en premier lieu débarqué dans ce grand pays qui prétend être le gendarme du monde. J’y ai trouvé Georges le cow-boy plus pressé de remporter les élections que d’établir la justice sociale. Déçu, je suis parti vers le sud, au Brésil, rencontrer Lula qui pour gagner la paix veut vaincre la pauvreté. De Lula à Mandela. En Afrique, où tant de chefs d’Etat laissent croupir leur peuple dans la misère, j’ai été reçu par Nelson, ce grand homme de paix qui a démontré au monde entier la force de la réconciliation et du pardon. Tout le contraire de la Palestine où la haine séparant deux peuples est à l’origine de beaucoup de détresse. J’y ai rencontré Ariel qui à l’inverse de la lessive ne lave pas plus blanc !

Heureusement, il y avait encore dans mon agenda une rencontre au siège de la chrétienté, au Vatican. Là, un vieux pape lucide m’a expliqué son combat permanent pour le rétablissement de la justice et de la paix dans le monde. Jean-Paul II, Mandela… Que de têtes aux cheveux blancs ! La paix ne peut-elle donc être défendue que par des vieillards ? Bien sûr que non ! Réveillez-vous jeunes gens ! Prenez els choses en mains !

Liebe Freunde, ich mache mir Sorgen um den Frieden in der Welt. Angsterfüllt verlangen die Völker den Frieden, der Regierung ist aber oft gleichgültig. Deshalb hatte ich vor, eine Weltreise zu machen, um Friedensleute zu treffen. Welch eine Enttäuschung war es, als ich so viele Minister gesehen habe, die nur an Geld und Macht dachten. Dieses Jahr besuche ich meine Anhängerschaft zum 99-ten Mal. Aber ich sehe, dass auch auf diesser Insel mitten in Europa nicht alles perfekt ist.

Eh non ! Même en Suisse, tout n’est pas parfait. Parfois c’est carrément le “ petchi “ et  ce n’est pas votre “ Seppi Deiss “ national qui me contredira. Dans son palais, il a dû rechausser ses crampons de footballeur de St-Michel pour tenir le but confédéral. Après son Couchepin quotidien, il doit affronter des minorités de blocage, je crois qu’à Berne cela se dit « Blochage ».

Heureusement, même esseulée au gouvernement, Micheline, Calme et Ray-onnante a pu fêter la naissance de l’assurance maternité avec toutes les femmes du pays qui attendaient depuis si longtemps que cette merveilleuses vocation de maman soit enfin mieux reconnue.

Et Fribourg dans tout cela ? Sur la carte de St-Nicolas de cette année, vous me voyez perdu avec mon âne dans un flot de voitures ; ici comme ailleurs, cela sent le pétrole qui pollue tant notre planète bleue. Dites-moi : avez-vous plus de soucis pour votre belle voiture ou pour mon âne toujours en danger sur vos routes ? Voyez-vous, mes chers amis, partout où l’on ne respecte pas la nature et les animaux, la survie de l’humanité est en péril.

Ihr denkt vielleicht, dass ich alt und schwach bin…, ich predige für den Frieden in eienr Welt, in der Geld und Macht oft einen zu hohen Stellenwert erlangen ! Dies ist natürlich nicht so einfach, aber den richtigen Frieden findet man im Innern. Und nur in der innere Frieden von uns allen kann zumFrieden auf der ganzen Welt führen.

Sachez que la paix c’est plus que le silence des canons. En fait, ce qui compte ce n’est pas seulement le désarmement des mains, mais le désarmement des cœurs. Pour l’avènement d’une paix véritable, nous devons sincèrement modifier nos rapports humains.

Mes bien chers enfants, avant de vous quitter, j’aimerais une nouvelle fois vous dire tout le plaisir que j’ai à vous rencontrer. L’année prochaine ce sera ma 100 ème visite, accompagné de ma chère monture. Certains d’entre vous voudraient me voir arriver avec des moyens plus modernes, mais je préfère cheminer avec mon fidèle compagnon. On vit plus intensément ainsi et surtout, vous le savez, depuis que j’ai sauvé les trois enfants du saloir, j’ai un goût très modéré pour la boucherie… A l’année prochaine donc ! Et avant tout, que la fête continue, remplie de partage et d’amitié.

Jetzt ist leider die Zeit gekommen, euch zu verlassen, meine lieben Kinder. Seid gesegnet und gehet hin in Frieden.

Au revoir à vous tous, enfants bénis de mon cœur.

Saint-Nicolas 2004 : Bruno Pasquier / 3 D5z