Auteur: 
BEAT BRECHBÜHL

Commentaires de Louis Dietrich: 

Cette fois, c'est de la franche rigolade! Cette caricature, où Saint Nicolas fait corps avec la Tour de sa cathédrale, témoigne d'une imagination débordante, mais elle n'échappe pas à une certaine grossièreté. L'idée de paix, exprimée par l'abondance des oiseaux symboliques, ne parvient pas à nous débarrasser de ce côté carnavalesque, responsable autrefois de quelques excès, dont on ne souhaite pas le retour. 



Discours: 

Mes bien chers enfants, Meine Lieben Kinder,

Comme chaque année à cette même période, voici revenu un moment de grande joie qui illumine les jours parfois difficiles de votre Saint-Nicolas. Quel plaisir de revoir vos visages rayonnants à l’approche du vieil homme que je suis, ces mains tendues, prêtes à donner plus qu’à recevoir, car c’est bien connu, c’est d’abord en donnant qu’on reçoit. Donc si on calcule bien : pas de Saint-Nicolas sans vos sourires et pas de biscômes sans Saint-Nicolas !

Wieder ist des Augenblick gekomment, der das Herz ihres St-Niklaus erleuchtet. Welch’ eine Freude euch wiederzusehen, ihre strahlenden Gesichter, die sich immer auf die gleiche Weise auf ihren St-Niklaus freuen.

Voyez-vous, mes chers enfants, j’ai hésité ces derniers temps à prendre des vacances : j’aurais pu aller me reposer sur une île digne du paradis, mais j’en fus aussitôt empêché par quelques champignons, pas même hallucinogènes, qui polluent en ce moment les atolls du Pacifique-Sud…Il n’en reste pas moins que je ne suis plus tout jeune et que des vacances soulageraient bien un dos vouté autant par les années que par une lourde hotte. Mais qu ne ferais-je pas pour retrouver mes enfants préférés !

Car je sais bien que vous, vous ne m’auriez pas attaché aux sangles de vos sacs à dos pour me traîner à travers la ville, que vous, vous n’auriez pas fait trotter un vieillard, ma fois pas très grand, et souffrant de biscomite aiguë, ce qui rend ses déplacements plutôt difficiles.

Bien sûr, avec le temps, les choses changent : mais au cours de mes récents voyages, j’ai eu l’impression désagréable d’assister à la montée d’une fièvre qu’on croyait oubliés, au retour d’une maladie sournoise qui semble vouloir réveiller les esprits, à l’explosion d’un virus dont l’épopée macabre fut à grand peine maîtrisée voici cinquante ans. Attention, mes enfants, ne vous laissez pas berner par toutes sortes d’usurpateurs qui se prennent pour des Saint-Nicolas et qui vous promettent des biscômes en forme de fierté nationaliste et des mandarines d’orgueil ! J’en ai vu dans la foule, mais ils se cachaient des pères fouettards ! Qu’ils prennent garde !

Meine lieben Kinder, wie ihr wisst ändert sich sehr viel mit der Zeit : ich bin viel gereist und hab’ die Auferstehung einer Idee erlebt (leider nicht so positiv wie die meines Herrns), die vor 50 Jahren zugrunde gehen sollte ! Vorsicht meine Kinder, lasst euch nicht überreden und Versprechungen entlocken, die die Plurikulturalität ihres so schönes Freiburgerlandes gefährden würde !

Mes enfants, n’écoutez pas cette peur de la différence dont certains on fait leurs slogans : cette peur qui tant de fois déjà a provoqué des exclusions et qui alla même jusqu’à briser des vies ou décimer de populations. Au contraire, que cette fête soit l’occasion d’un geste envers l’autre, d’un pas vers celui qu’on a mis à l’écart, celui qui ne pense pas comme nous, celui qui vit différemment, qui a d’autres habitudes. C’est pourquoi je formule un vœu. Que vous tous, mes enfants, les petits mais surtout les grands, vous puissiez me dire, lors de ma prochaine visite : «  J’ai fait un pas ! ».

Juste une petite chose pour terminer : j’ai lu dans la gazette céleste que le pays de Fribourg aurait un jour un conseiller fédéral, alors courage, vous n’aurez plus longtemps à la « Piller ».

Meine lieben Kinder lasst euch die Zukunft nicht « blochieren », lasst euch nicht von der Angst überzeugen ; diese schreckliche und gefährliche Angst, die schon mehrere Leben gebrochen hat. Lasst uns in diesen glücklichen Stunden eine Geste machen, Leute die anders sind, zu verstehen. Ich segne euch und hoffe, euch nächstes Jahr wiederzusehen.

Gehet glücklich und in Frieden dahin, meine Kinder !

Tout en vous bénissant, je vous donne rendez-vous, comme de coutume, dans une année.

Allez dans la joie, enfants chéris de mon cœur !

 

Saint-Nicolas 1995 : Jean-Marc Flükiger / 3ème.dt/fr. BD3