Fin 1991, paraît aux Éditions de la Bibliothèque Cantonale de Fribourg un fort bel ouvrage intitulé « Saint Nicolas à la carte ». Ses auteurs : Alex E. Pfingsttag, codirecteur du Centre Cantonal des Mass-media, et mon ancien élève Jean Steinauer, journaliste. Ce livre constitue le guide, et souvent la référence, de la présente collection, que ce soit pour l’approuver ou la contester! Il donne une fine analyse de la thématique et fournit quelques indications sur l’historique de la série. Il met en évidence le lien entre le maître principal de dessin au Collège Saint-Michel et une relative unité de trois époques. D’où la distinction entre l ’ « ère  Reichlen », l’ « ère Ruffieux » et l’ « ère Bailly », du nom des trois professeurs concernés. Il faudra apporter quelques nuances à  cette classification justifiée, surtout en ce qui concerne le démarrage des publications,  où la réalité ne fut pas si simple.

Pour l’instant, disons simplement qu’Eugène Reichlen s’implique plus personnellement dans l’entreprise que ses successeurs: il est  l’auteur de la plupart des dessins et les signe de ses initiales E.R.  Il arrive cependant que des noms d’élèves figurent en signature. En réalité, le maître proposait le sujet au cours de dessin facultatif du jeudi matin; quand un projet est retenu, il trace lui-même la version définitive qui est remise à l’imprimeur. Ce scénario connaît quelques variantes, qui seront signalées à mesure qu’elles apparaîtront. E. Reichlen prend sa retraite en juillet 1956. A l’automne, la Rédaction du Message du Collège fait de la carte le sujet d’un concours ouvert à tous les élèves. L' article paru au numéro 4/1956 de cette revue en publie les résultats. Par la suite, les Professeurs Ruffieux et Bailly prendront en charge l’organisation du concours dans leurs classes. Il y eut certaines années plus de cent projets soumis au Jury. Il en résulte que la série « Reichlen » est, de loin, la plus homogène, tant pour le style que pour la thématique, ce qui la rend plus intéressante du strict point de vue du collectionneur. C’est d’ailleurs dans cette première période que des découvertes sont encore possibles, car nul ne connaît avec certitude la liste exacte des cartes publiées et vendues. 

En effet, la seule source organisée consiste en deux albums où E. Reichlen a collé les cartes qu'il possédait; tous deux sont propriété des filles de l'artiste qui en ont cependant déposé un exemplaire au Media-Centre de la Bibliothèque cantonale. L'ouvrage de Pfingsttag et Steinauer, en reprenant  strictement le contenu de ces albums, n'apporte aucune nouvelle pièce. Or il semble que, dans les premières années (soit jusque vers 1926) l'édition et la vente d'une carte ait été laissée à la libre initiative de chacun. Il apparaît très vite que les albums d'E. Reichlen, constitués tardivement, ne prétendent pas être complets, et que leurs datations suscitent parfois le doute. Ce qui est certain cependant, c'est que les cartes figurant dans les albums sortent bien de l' "atelier Reichlen".  Comme j'ai choisi pour ma présentation l'ordre chronologique, j'essayerai au fur et à mesure de justifier ma classification et de signaler les acquisitions qui ne figurent pas dans les sources antérieures.

Givisiez, 6 décembre 1999,
Louis Dietrich

 

Louis Dietrich, notre père et grand-père, qui a commenté cette collection, a fait partie en 1943 du Comité d’organisation de la Saint-Nicolas. Il était alors élève de la classe de rhétorique (6e littéraire A). Il se retrouve au Collège St-Michel de 1951 à 1977, d’abord comme secrétaire-surveillant, puis, dès 1956, comme professeur. (Le secrétaire-surveillant, plus communément appelé « pion », était une sorte de factotum, dont la fonction a actuellement disparu. Mais comme tel, il était à l’époque sollicité par l’organisation matérielle de tous les événements de l’année, dont la Saint-Nicolas).

Il est, en 1956, Rédacteur du « Message du Collège » consacré au cinquantenaire de la reprise du Cortège de Saint-Nicolas par une classe de collégiens. Il écrit à cette occasion la première description - incomplète et parfois approximative - des cartes publiées jusqu’alors. Coïncidence: c’est aussi l’année où Eugène Reichlen prend sa retraite et où il faut trouver, pour la carte, une autre solution. Il propose alors un concours parmi les élèves, tradition qui s’est maintenue jusqu’à ce jour, grâce à sa prise en charge par les professeurs de dessin.

A sa retraite dans les années nonante, Louis Dietrich considère l‘ample série de cartes qu’il possède et recherche activement celles qui lui manquent. Il lui prend l’envie de raconter à ses enfants et petits-enfants les circonstances (et parfois les cancans) qui ont entouré la parution de ces images. Patiemment, il élabore plusieurs classeurs contenant par ordre chronologique les cartes avec ses commentaires écrits. Vous les retrouvez en intégralité dans les pages de ce site.

Avec tout son enthousiasme, il nous fait parcourir près d'un siècle de 1916 à 2006. 

“ Nuit tombante “ : comme s’il avait pressenti son destin, ce sont les deux derniers mots qu'il a écrits dans son commentaire de la carte 2006. 

Le 1er décembre 2007 St-Nicolas vient à Fribourg ; Louis est en toute fin de vie, ayant vu la carte, sans toutefois pouvoir en faire le commentaire habituel. Il rejoint les étoiles de la nuit le 16 décembre 2007, nous laissant la délicate mission de poursuivre sa collection. Après quelques années de réflexion, l’émotion de la séparation s’étant estompée, les idées surviennent pour reprendre le flambeau à notre manière.

A vous, maintenant, chers internautes, de découvrir, la collection commentée de 1916 à 2006 et sa forme nouvelle dès 2007. Vos commentaires, vos idées, vos suggestions sont les bienvenus. Ainsi ensemble nous continuerons la tradition.

“ Nous vantons les anciens, mais nous sommes de notre temps “  Ovide

C'est dans cet esprit que la collection vit.

Famille Dietrich