Auteur: 
PIERRE-OLIVIER MÜLLER

Commentaires de Louis Dietrich: 

"A solis ortu", donc bien à l'avance, Saint Nicolas descend des hauteurs de la Route de Berne et plonge vers l'entrée en ville du Pont de Zaehringen. Non sans avoir à franchir l'obstacle du brouillard! C'est bien l'atmosphère des petits matins clairs sur le Fribourg hivernal, dans le combat de la grisaille et des coups de pinceau dorés du soleil. Cette opposition prend toute sa valeur symbolique puisque le Ciel qui nous rend visite efface toutes les brumes. 



Discours: 

Discours St-Nicolas 1973

Bien chers enfants de Fribourg,

Une année déjà s’est écoulée depuis ma dernière visite et j’ai toujours grand plaisir de me retrouver parmi les enfants de Fribourg. Quelle joie pour moi de contempler sur vos visages l’éclat de votre jeunesse. Tout au long du parcours, vous avez su faire éclater votre exubérance bien légitime en ce grand jour ; et, ma foi, mon âne aussi a bénéficié de votre charmant accueil. Je l’ai vu à maintes reprises tourner la tête à gauche, à droite, admirant vos sourires et les cadeaux que vous teniez serrés sur vos cœurs. Il en était presque jaloux, je dois dire. Mais rassurez-vous, je lui donne aussi des gâteries et il me rend actuellement de grands services. Il y a un instant, le Père Fouettard mon cher ami, m’a glissé à l’oreille que vous vous teniez assez sages sur le parcours ; c’est à votre honneur. Cette fête a commencé dans la joie des petits et des grands (ne les oublions pas) et j’espère que les humbles cadeaux dont je vous ai fait présent, effaceront bien des larmes et bien des peines.
Si je viens à Fribourg, c’est parce que cela me fait toujours un grand plaisir. Non que j’y trouve les enfants les plus sages, mais je vois toujours dans vos yeux la volonté indéniable de devenir meilleurs, de faire toujours plaisir à autrui ; je sais aussi que cela est difficile. Dans vos foyers, essayez d’aider le plus possible vos parents qui ont la satisfaction de voir grandir leur enfant, de le voir heureux dans la cour d’école. Tous les enfants, hélas, n’ont pas ces satisfactions ; je pense à ceux qui sont dans la peine, à vous petits camarades défavorisés. Je leur rend une juste visite, car c’est aussi leur fête tant attendue ; je suis toujours surpris de voir leurs visages s’enflammer à la vue de petites gâteries. La vie, pour eux, est un cadeau exceptionnel et ils s’y accrochent bien, croyez-moi.
Dans la vie future, vous avez toujours plus besoin de bonté, d’amour et de liberté. Vous serez plus tard les rois de compréhension qui font parfois défaut sur Terre.
Soyez toujours forts en vous-même. Vous représentez pour la société le trésor le plus précieux et le plus chéri, et l’on peut dire que Fribourg veut garder ce trésor dans ses murailles. Il pense à vous, à votre avenir. J’ai entendu dire que le Collège St-Michel avait adopté le programme de baccalauréat en sept ans Vous pourrez ainsi étudier plus intensément, fournir un travail plus riche et profiter plus tard d’une voie bien méritée au sein de la communauté fribourgeoise. Je sais, vous pourrez me rétorquer que je n’ai pas suivi des cours à St-Michel et que je suis au même niveau que mon âne, mais il existe une foule d’autres métiers qui sont préparés pour vous, uniquement pour vous. Et quelle ne sera pas ma joie de vous revoir plus tard occuper un poste auquel vous aurez rêvé nuit et jour. Sachez profiter aussi des loisirs que le Père des cieux à mis à votre disposition. Une fois vos petits travaux finis, n’hésitez pas à aller jouer avec vos petits camarades et , plus tard, pourquoi pas, adhérez au Mouvement J+S qui vient d’être créé. Cette barbe que je porte, je la dois aussi un peu au sport qui me fait oublier le poids des années. Vous avez raison de fortifier vos corps et le sourire sera toujours pour vous la récompense. Vous saurez devenir meilleurs dans un corps toujours plus fort, dans une nature toujours plus belle. Pensez-y, quand, le soir, votre mère vous donne un baiser sur le front. Ce baiser d’amour, ne l’oubliez jamais tout au long de votre vie semée d’embûches. Le baiser d’une mère signifie aussi le baiser du monde à sa jeunesse, à votre jeunesse éternelle.
Je vais bientôt me séparer de vous, retourner avec mes fidèles compagnons dans ma demeure du ciel. Je ne voudrais pas vous quitter sans vous dire encore de profiter comme il se doit de cette fête qui est uniquement la vôtre. Priez pour un monde meilleur, pour tous vos petits camarades que la guerre a blessés à vie et qui souffrent.
Vous seuls, pourrez réaliser un monde de compréhension, de paix, d’amitiés mutuelle que vous savez tant créer. Vous représentez l’avenir d’une ville, d’un canton, du monde entier que vous créez déjà maintenant avec vos mains insignifiantes qui savent tout donner. Allez en paix mes petits, que cette fête de joie devienne pour vous un souvenir inoubliable. C’est le plus beau jour de votre vie. Prenez-vous par la main, regardez-vous dans les yeux et souriez encore et encore à la vie triste et joyeuse, car c’est là le plus beau cadeau que le Père des cieux vous a légué.

Je vous bénis

Saint-Nicolas 1973 : Benoît Rey / 6ème.fr.B1/(trompettiste à la Fanfare du Collège)