Mes bien chers enfants,
C’est un plaisir renouvelé, pour moi, que de parcourir les rues illuminées de cette bonne ville de Fribourg. Bien avant mon départ, j’étais impatient à l’idée de revoir, sur mon passage, vos yeux pétillants et vos mines réjouies.
Comme d’habitude, j’ai fait le voyage avec mon âne, mais accompagné aussi du Père Fouettard. Je n’aime pas avoir recours à ses services, car je sais que vous êtes très sages. Pas parce que vous avez peur du Père Fouettards, j’espère, mais parce que vous aimez Saint-Nicolas qui, chaque année, descend du ciel pour vous bénir et vous donner l’occasion d’une grande fête populaire.
Permettez-moi tout d’abord de féliciter les messieurs Fribourgeois qui ont montré leur solidarité lors de la grève des femmes, en espérant toutefois que cette solidarité ne se limite pas aux seuls problèmes de votre société helvétique mais qu’elle s’étende aux autres groupes défavorisés du monde entier.
En cette année 1991, la Confédération a célébré son 700ème anniversaire. Avec les saints patrons des autres villes suisses nous avions envisagé de suivre la commémoration de ce jubilé mais le calendrier des manifestations était tellement chargé que, même avec l’aide de tous le saints du paradis, il n’aurait pas été possible de tenir le programme. Le 1er août à Fribourg, c’est vous les enfants, qui avez tenu la vedette. En confectionnant, avec des moyens rudimentaires, des centaines de petits bateaux, vous avez magnifiquement contribué à ces festivités. Vues du haut du ciel, toutes ces petites lumières qui flottaient sur l’eau de la Sarine, offraient un spectacle inoubliable, plus émouvant à mon sens que certains autres jeux ou festivals bien plus onéreux. Mais… le 700ème a-t-il aussi été l’occasion pour les Suisses de favoriser, non par leur Solari, mais leur solidarité? Je vous le demande. Quelle joie ils m’auraient procurée en ne pensant pas seulement à commémorer, mais aussi à combattre le mal et la peine dans le monde ! Songez-y, enfants d’aujourd’hui mais adultes de demain, quand vous aurez la charge, dans 50 ans, d’organiser le prochain anniversaire de la Confédération.
Meine lieben Kinder,
Wieder ist ein Jahr vergangen, und erwartungsvoll habe ich mich auf den langen Weg nach Freiburg gemacht. Welch eine Freude, Eure lachenden Gesichter und fröhlichen Herzen zu sehen.
Ich war wircklich sehr begeistert von euch, am 1. August. Der Anblick der tausenden von Lichtern, die auf der Saane dahinschwammen, war unbeschreiblich. Mit einfachen Mitteln habt Ihr, meine Kinder, etwas Wunderschönes vollbracht, was die Grossen selbst mit viel Geld nicht zustande gebracht haben. Ich war tatsächlich etwas enttäuscht von Eurer Regierung. Anstelle von Mythenspiel und grossen Festen hätte sied as Geld in sinnvollerere Projekte stecken können.
Nun, meine Kinder, ich hoffe, dass Ihr die 750-Jahr-Feier anders, mit etwas mehr Solidarität gestalten werdet, denn Ihr werdet eines Tages dieses Land regieren.
Vous avez été très nombreux, - et cela m’a beaucoup réjoui, - à vous rendre au Musée d’Art et d’Histoire pour admirer les peintures, les sculptures, mais surtout les machines de Jean Tinguely. Cet artiste fribourgeois était déjà connu et reconnu dasn le monde entier, quand la nouvelle de son décès subit nous a surpris et attristés en septembre dernier. C’est aussi en ce début d’automne que l’on a fait disparaître les nobles et vieux arbres qui décoraient la place du collège Saint-Michel. Ce déracinement me fit de la peine. Même le fait que les voitures n’aient plus le droit de parquer sur la place, devant le Lycée rénové, ne m’a pas totalement remis de ce chagrin. Heureusement qu’on a planté de nouveaux arbres dont le feuillage réconfortera les collégiennes et collégiens du 3ème millénaire. Et ces arbres ne sont pas des faux… du moins je l’espère. Mais quel pseudo-artiste, fut-il d’outre Sarine, oserait imiter la signature du Bon Dieu sur la grande toile de la nature ?
Ma cathédrale aussi me fait du souci. Je ne la vois que rarement sans échafaudages et cette année, c’est son portail que l’on me cache. Je la sens étouffée lentement mais continuellement par les gaz d’échappement. Il y a de l’espoir toutefois. Vous avez enfin, mes chers amis, débuté les travaux de la zone piétonne. Ces travaux m’ont empêché de prendre, avec mon âne, mon chemin habituel. Mais cela vous sera pardonné, si la zone piétonne peut s’étendre un jour jusqu’à la cathédrale.
Savez-vous, mes enfants, qu’on a publié un livre sur moi ? Enfin, si je dis « sur moi », c’est parce qu’il illustre les plus belles cartes de Saint-Nicolas qui ont été dessinées par les professeurs et les élèves du Collège Saint-Michel. Dire qu’il y a déjà 75 ans que cette tradition des cartes de Saint-Nicolas existe ! Quel beau livre d’images et de souvenirs que tous ces dessins réunis !
Ich sorge mich sehr um meine Kathedrale, denn voll Trauer muss ich zusehen, wie sie in den Absagen lagsam aber sicher erstickt. Ich appelliere darum an Euch, Bürger Freiburgs, setzt Euch für den Bau der Poyabrücke und einer Umfahrungstrasse ein, denn ich weiss nicht, wie lange sie es noch aushalten wird. Die Stadtregierung hat zum Glück schon mit dem Bau einer Fussgängerzone begonnen. Das hat mich allerdings dazu gezwungen, mit meiner Esel einen anderen Weg zu nehmen, doch dies will ich Euch grosszügig verzeihen.
Bevor ich nun in mein Himmelreich zurückkehre, lasst mich Euch folgendes auf den Heimweg mitgeben. Liebe Kinder, wenn sich alle Menschen in dieser Stadt, in diesem Land und auf diesem Planeten nun wirklich für Gerechtigkeit, Friedenund Naturschutz einsetzen, dann wird Euer Lachen und Eure Freude auch in ferner Zukunft noch so strahlen wie heute abend.
Avant de vous donner ma bénédiction, je formulerai encore un dernier vœu. Puisse le gouvernement que vous allez choisir demain, au terme d’une campagne électorale mouvementée, puisse ce gouvernement œuvrer pour la justice, la paix et la protection de la nature dans cette ville et dans ce pays, qu’il sache aussi montrer sa solidarité pour les peuples moins favorisés. Alors votre sourire et votre joie rayonneront encore dans un futur lointain.
Adieu donc, enfants chéris de mon cœur… !
Saint-Nicolas : Matthias Stephan, 3.dt.B
Commentaires de Louis Dietrich:
Saluons l'audace de l'innovation: le mode figuratif est bien oublié dans cette bourrasque de couleurs. A grands coups de pinceaux, le jeune artiste se laisse aller à créer un fond dans lequel il mêle l'esquisse des symboles attendus. Cette image a su créer la surprise, elle n'a pas été unanimement appréciée. Elle me plaît par son élan, sa souveraine élégance et le sentiment d'un talent qui ne pourra que s'épanouir.