Thème original qui rappelle avec esprit un incident de l’année précédente: Saint Nicolas avait dû cheminer à pied tout au long du cortège, son âne étant resté obstinément bloqué des quatre fers, comme on sait que cela arrive à tous ses congénères. E. Reichlen imagine donc que Saint Nicolas punit sa monture en la laissant au Paradis. De fait, en 1929, on a renoncé à la monture traditionnelle, qui avait refusé sa tâche avec un entêtement congénital. En lieu et place, on a enrubanné un petit chariot, tels ceux que les paysans utilisent pour transporter les « boilles » à la laiterie, et deux ânons attendrissants furent attelés au véhicule paradisiaque. Il paraît que, pour Saint Nicolas, ce ne fut pas plus facile, étant donné l’instabilité de l’ensemble ainsi constitué. Pour la première fois depuis 1916 (ou 1918), E. Reichlen signe son dessin de ses initiales, comme on le voit sur une étiquette de la valise (valise qui, soit dit en passant, raconte à elle seule toute une époque). Dès lors se confirment les impressions émises précédemment, qui tentaient de reconnaître, malgré une signature différente, les traits de l’art si typique de Reichlen. Le visage bien marqué de Saint Nicolas, ses grandes mains paysannes; l’âne très expressif dans ses efforts et son dépit, et les trois angelots au-dessus des nuages, comme en 1927, rappelant les trois enfants de la légende; le ciel éclairé de grandes étoiles bien dessinées, comme dans la tradition des images pieuses, voire de l’icône.
C’est aussi cette année-là qu’apparaît sur la carte un deuxième élément, soit un court poème qui va, en général, fournir un commentaire à l’image. Le premier exemple est signé F. Monteleone (= Fiorenzo Monteleone, qui s’illustra sa vie durant à la Bibliothèque cantonale par ses connaissances exceptionnelles en bibliographie). L’auteur du poème était en règle générale désigné par le professeur de français de 6e littéraire, qui n’était autre que le Préfet du Collège, M. l’abbé Pillonel. Il ne faut pas s’étonner si l’élève choisi est souvent celui qui a obtenu en 5e littéraire le prix de poésie. Il est fort probable qu’ en 1929 le poème ait semblé quasi - nécessaire pour expliquer au public la signification du dessin et sa relation avec l’incident narré ci-dessus.
Le verso de la carte témoigne qu’elle a réellement circulé. J’ai été personnellement très heureux de trouver un document adressé à M. Roch de Diesbach, grand personnage que j'ai bien connu et beaucoup estimé. Au service militaire, j’ai aimé sa classe, son calme, ses compétences. Il devint d’ailleurs Commandant du 1er Corps d’Armée, ce qui est le plus haut grade possible en Suisse en temps de paix. Plus tard, j’ai eu successivement ses deux fils dans mes classes, et nos contacts, en cette circonstance, furent toujours cordiaux et, pour moi, très enrichissants. C’est émouvant de penser qu’il avait moins de 20 ans quand il a reçu ce message, où le signataire que je n’ai malheureusement pas pu identifier, lui fait un spirituel commentaire du sujet traité. Et on ne peut que le rejoindre dans sa pieuse pensée !
(N.B. Sur ce verso figure toujours le même texte inauguré en 1926: « Le produit de la vente sert à... ». La carte est ainsi officialisée et la série se déroule sans heurts.)
Commentaires de Louis Dietrich:
Thème original qui rappelle avec esprit un incident de l’année précédente: Saint Nicolas avait dû cheminer à pied tout au long du cortège, son âne étant resté obstinément bloqué des quatre fers, comme on sait que cela arrive à tous ses congénères. E. Reichlen imagine donc que Saint Nicolas punit sa monture en la laissant au Paradis. De fait, en 1929, on a renoncé à la monture traditionnelle, qui avait refusé sa tâche avec un entêtement congénital. En lieu et place, on a enrubanné un petit chariot, tels ceux que les paysans utilisent pour transporter les « boilles » à la laiterie, et deux ânons attendrissants furent attelés au véhicule paradisiaque. Il paraît que, pour Saint Nicolas, ce ne fut pas plus facile, étant donné l’instabilité de l’ensemble ainsi constitué. Pour la première fois depuis 1916 (ou 1918), E. Reichlen signe son dessin de ses initiales, comme on le voit sur une étiquette de la valise (valise qui, soit dit en passant, raconte à elle seule toute une époque). Dès lors se confirment les impressions émises précédemment, qui tentaient de reconnaître, malgré une signature différente, les traits de l’art si typique de Reichlen. Le visage bien marqué de Saint Nicolas, ses grandes mains paysannes; l’âne très expressif dans ses efforts et son dépit, et les trois angelots au-dessus des nuages, comme en 1927, rappelant les trois enfants de la légende; le ciel éclairé de grandes étoiles bien dessinées, comme dans la tradition des images pieuses, voire de l’icône.
C’est aussi cette année-là qu’apparaît sur la carte un deuxième élément, soit un court poème qui va, en général, fournir un commentaire à l’image. Le premier exemple est signé F. Monteleone (= Fiorenzo Monteleone, qui s’illustra sa vie durant à la Bibliothèque cantonale par ses connaissances exceptionnelles en bibliographie). L’auteur du poème était en règle générale désigné par le professeur de français de 6e littéraire, qui n’était autre que le Préfet du Collège, M. l’abbé Pillonel. Il ne faut pas s’étonner si l’élève choisi est souvent celui qui a obtenu en 5e littéraire le prix de poésie. Il est fort probable qu’ en 1929 le poème ait semblé quasi - nécessaire pour expliquer au public la signification du dessin et sa relation avec l’incident narré ci-dessus.
Le verso de la carte témoigne qu’elle a réellement circulé. J’ai été personnellement très heureux de trouver un document adressé à M. Roch de Diesbach, grand personnage que j'ai bien connu et beaucoup estimé. Au service militaire, j’ai aimé sa classe, son calme, ses compétences. Il devint d’ailleurs Commandant du 1er Corps d’Armée, ce qui est le plus haut grade possible en Suisse en temps de paix. Plus tard, j’ai eu successivement ses deux fils dans mes classes, et nos contacts, en cette circonstance, furent toujours cordiaux et, pour moi, très enrichissants. C’est émouvant de penser qu’il avait moins de 20 ans quand il a reçu ce message, où le signataire que je n’ai malheureusement pas pu identifier, lui fait un spirituel commentaire du sujet traité. Et on ne peut que le rejoindre dans sa pieuse pensée !
(N.B. Sur ce verso figure toujours le même texte inauguré en 1926: « Le produit de la vente sert à... ». La carte est ainsi officialisée et la série se déroule sans heurts.)