Il n’y a pas d’autre actualité que la guerre! Durement ressentie, même dans une Suisse privilégiée qui ne subit pas de destructions, de combats, de victimes, qu’elles soient militaires ou civiles. Cependant, le rationnement des denrées alimentaires se resserre et l’organisation d’un cortège, où la distribution des biscaumes tient une place indispensable, n’est pas une sinécure. Cette situation est évoquée avec humour par le dessin, et racontée sur un ton médiéval par le poème.
Père Fouettard ne réapparaît pas encore, mais l’âne revient pour exprimer sa tristesse. Ses grosses larmes excitent la compassion de Saint Nicolas, et aussi celle des trois angelots qui restent fidèlement les représentants symboliques des trois enfants miraculés. Mais, avec les années, leur allure et surtout leur vêtement deviennent plus spécifiquement féminins: petites manches bouffantes, fleurettes sur les passementeries.
En toute évidence, derrière le biscaume, sont dessinés les coupons des cartes de rationnement nécessaires à leur achat !
Pour bien comprendre le biscaume resplendissant sur fond de tickets entassés, il faut remettre en mémoire les tickets de ravitaillement introduits dès le début de la guerre, en septembre 1939, et maintenus au-delà de la fin des hostilités jusqu’en 1948. Voici donc quelques-uns des derniers échantillons, tels qu’il fallait les remettre au commerçant, en plus des sous naturellement ! Les organisateurs du cortège devaient présenter une demande d’attribution spéciale auprès de l’Office cantonal du ravitaillement, lui-même très limité par la réglementation fédérale.
A cette disette sont liés des incidents qui prirent en ces années une tournure désagréable. On vit en effet autour du cortège, le long du câble qui doit maintenir une séparation entre le public et l’escorte entourée des porteurs de flambeaux, des bandes d’enfants et d’adolescents qui « venaient aux provisions ». Ils se battaient avec les Collégiens pour « choper » les biscaumes et en remplir le sac à commissions qu’ils portaient en bandoulière. Ils venaient en général de la Basse-Ville, poussés par la pénurie et la pauvreté, et s’en prenaient ainsi à « ceux de la Haute ». Le rationnement était passé depuis longtemps que cette rivalité agressive se poursuivait malgré les deux gendarmes impassibles qui, depuis toujours, ouvrent le cortège. Un Comité de la St-Nicolas se fonda alors en Basse-Ville pour obtenir que le cortège passe aussi dans son quartier. Ce qui était naturellement impossible et fut écarté. Ce Comité eut alors l’idée d’organiser un cortège concurrent., qui, venant les hauteurs de Lorette, descendit jusqu’à la Planche-Supérieure et l’église de St-Jean. Depuis lors, les deux cortèges se déroulent sans se nuire, et les tensions déplorables disparurent, à de rares exceptions près.
C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons techniques que l’on refusa un peu plus tard une demande similaire des commerçants de Pérolles, qui demandaient une prolongation du parcours jusqu’au bâtiment des Entreprises Électriques Fribourgeoises.
Commentaires de Louis Dietrich:
Il n’y a pas d’autre actualité que la guerre! Durement ressentie, même dans une Suisse privilégiée qui ne subit pas de destructions, de combats, de victimes, qu’elles soient militaires ou civiles. Cependant, le rationnement des denrées alimentaires se resserre et l’organisation d’un cortège, où la distribution des biscaumes tient une place indispensable, n’est pas une sinécure. Cette situation est évoquée avec humour par le dessin, et racontée sur un ton médiéval par le poème.
Père Fouettard ne réapparaît pas encore, mais l’âne revient pour exprimer sa tristesse. Ses grosses larmes excitent la compassion de Saint Nicolas, et aussi celle des trois angelots qui restent fidèlement les représentants symboliques des trois enfants miraculés. Mais, avec les années, leur allure et surtout leur vêtement deviennent plus spécifiquement féminins: petites manches bouffantes, fleurettes sur les passementeries.
En toute évidence, derrière le biscaume, sont dessinés les coupons des cartes de rationnement nécessaires à leur achat !
Pour bien comprendre le biscaume resplendissant sur fond de tickets entassés, il faut remettre en mémoire les tickets de ravitaillement introduits dès le début de la guerre, en septembre 1939, et maintenus au-delà de la fin des hostilités jusqu’en 1948. Voici donc quelques-uns des derniers échantillons, tels qu’il fallait les remettre au commerçant, en plus des sous naturellement ! Les organisateurs du cortège devaient présenter une demande d’attribution spéciale auprès de l’Office cantonal du ravitaillement, lui-même très limité par la réglementation fédérale.
A cette disette sont liés des incidents qui prirent en ces années une tournure désagréable. On vit en effet autour du cortège, le long du câble qui doit maintenir une séparation entre le public et l’escorte entourée des porteurs de flambeaux, des bandes d’enfants et d’adolescents qui « venaient aux provisions ». Ils se battaient avec les Collégiens pour « choper » les biscaumes et en remplir le sac à commissions qu’ils portaient en bandoulière. Ils venaient en général de la Basse-Ville, poussés par la pénurie et la pauvreté, et s’en prenaient ainsi à « ceux de la Haute ». Le rationnement était passé depuis longtemps que cette rivalité agressive se poursuivait malgré les deux gendarmes impassibles qui, depuis toujours, ouvrent le cortège. Un Comité de la St-Nicolas se fonda alors en Basse-Ville pour obtenir que le cortège passe aussi dans son quartier. Ce qui était naturellement impossible et fut écarté. Ce Comité eut alors l’idée d’organiser un cortège concurrent., qui, venant les hauteurs de Lorette, descendit jusqu’à la Planche-Supérieure et l’église de St-Jean. Depuis lors, les deux cortèges se déroulent sans se nuire, et les tensions déplorables disparurent, à de rares exceptions près.
C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons techniques que l’on refusa un peu plus tard une demande similaire des commerçants de Pérolles, qui demandaient une prolongation du parcours jusqu’au bâtiment des Entreprises Électriques Fribourgeoises.